1- Le château à la fin de l’ancien régime 

Dès le XIII^e siècle, le donjon est utilisé par le pouvoir royale comme prison.

Au XVII^e siècle, Richelieu puis Mazarin se servent de Vincennes comme lieu d’incarcération politique pour leurs principaux opposants comme le duc de Vendôme, le prince de Condé ou le cardinal de Retz par exemple.

Au XVIII^e siècle, le château reçoit toujours de nombreux détenus à l’image de Diderot, Mirabeau ou du Marquis de Sade. Durant cette période, le personnel de surveillance est composé d’un lieutenant-gouverneur, d’un major, d’un chirurgien, d’un dentiste, d’un oculiste et d’un aumônier. A ceux-ci, il faut adjoindre les cuisiniers, les domestiques et les compagnies venant tour à tour monter la garde.

Tout un règlement est édicté pour garder les prisonniers. Une ronde, par exemple, doit passer toutes les demi-heures sous les fenêtres des détenus. Finalement, au moment de l’abandon du château par le roi en 1784, les derniers prisonniers sont transférés vers d’autres prisons parisiennes. 

Le projet de création d’une école royale militaire remonte aux années 1720, mais c’est la guerre de succession d’Autriche qui accélère le mûrissement du projet. Les principaux promoteurs sont le munitionnaire et financier Paris-Duverney et la marquise de Pompadour sa parente. Cette dernière appuie plus spécialement l’idée de cet établissement auprès du ministre de la Guerre, le comte d’Argenson. L’institution doit être un centre d’enseignement d’excellence disposant d’un bâtiment d’une architecture exceptionnelle.

Des locaux neufs sont d’abord envisagés sur la plaine de Grenelle au moment de la fondation de l’école en janvier 1751. Cependant, faute de crédits, le chantier est suspendu et le château de Vincennes est finalement choisi pour accueillir temporairement le collège militaire. Le style architectural emblématique des pavillons, la vaste cour pour les exercices et les nombreuses écuries permettent de répondre à ses besoins. L’école est d’abord installée dans le pavillon de la Reine et les premiers élèves y sont admis en octobre 1753. La vie quotidienne des élèves est marquée par une forte discipline religieuse et militaire.

Toutefois, dès 1756, l’institution déménage pour s’établir à Grenelle marquant la fin de trois ans d’expériences militaires importantes pour le château.   

En 1740, une manufacture de porcelaine s’installe à Vincennes dans la tour du Diable. Des expériences de réalisation de porcelaine en pâte tendre y sont effectuées par Claude Humbert Guérin et des ouvriers provenant de la fabrique de Chantilly.

La jeune firme obtient en 1745, le privilège royal d’être la seule qualifiée à réaliser de la porcelaine façon de la Saxe. Elle s’établit ensuite dans les vieilles cuisines du pavillon de la Reine et dans l’ancienne ménagerie de Bel-Air inoccupées.

En août 1756, elle déménage à Sèvre près du domaine de la marquise de Pompadour à Bellevue. Toutefois, en juin 1767, une nouvelle entreprise de porcelaine arrive dans l’édifice royal. En effet, le conseil d’Etat rend un arrêt « portant concession et privilège au nom du sieur des Aubiers d’établir au château de Vincennes, pour vingt ans, fabrique de faïence et porcelaine façon de Strasbourg ».

La production de céramique ne cessera définitivement qu’en 1786.

A la veille de la guerre de Sept Ans, un certain sieur Bourdier dont l’identité est incertaine, propose au secrétaire d’Etat de la Guerre une arme révolutionnaire : un fusil à manivelle qui n’aurait plus besoin de baguette pour le charger. Par conséquence, un établissement expérimental s’installe dans les écuries et les bâtiments de l’ancienne manufacture de porcelaine en avril 1757. Celui-ci est chargé, un an plus tard, d’assembler les pièces du nouveau fusil.

Toutefois, de grandes difficultés de fabrication apparaissent à cause de sa complexité et de son coût de production. Finalement, après une période d’incertitude, le ministre ordonne sa fermeture en 1759. Les 600 fusils se trouvant dans les locaux sont remis à l’arsenal de Paris.

Trente ans plus tard, un nouvel atelier ouvre ses portes dans le but de rationaliser la fabrication des pièces de fusil en s’inspirant principalement des manufactures anglaises. Gribeauval, inspecteur général de l’artillerie, confie cette tâche à Honoré Blanc reconnu « comme l’artiste le plus intelligent dans cette partie ».

Finalement, le projet est stoppé à cause de la Révolution. En effet, le 20 février 1790, l’établissement est dégradé par des révolutionnaires ayant parvenu à s’introduire dans le château. Le ministre de la Guerre, Jean-Frédéric de La Tour du Pin, décide alors de mettre fin à cette aventure considérée comme trop onéreuse.