Témoignages des As de la guerre 1939 – 1945

Prolongeant l’exposition « Obéir, Désobéir, Commander » consacrée au général de Gaulle, la division des témoignages oraux (DTO) propose de découvrir quatre extraits de témoignages d’As de la Seconde Guerre mondiale, occasion d’honorer l’engagement de ces hommes dans les Forces aériennes de la France Libre dont deux ont été reconnus « Compagnon de la Libération ». Le titre d’As de la guerre a été créé au cours de la Grande Guerre en l’honneur des aviateurs français qui ont eu au moins cinq victoires homologuées. Si les As de la Première Guerre mondiale sont les plus connus, ceux du second conflit mondial le sont moins.

Parmi les 142 pilotes reconnus comme As de la guerre 1939-1945, la DTO dispose de 16 témoignages. Quatre d’entre eux ont été choisis pour illustrer une période historique ou des combats emblématiques de la Seconde Guerre mondiale.

En septembre 1939, après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie et l’URSS, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne. Comme en 1914, des millions d’hommes sont mobilisés. Pour les belligérants, la maîtrise des airs est un nouvel enjeu, question qui le restera tout au long du conflit. Dans l’armée de l’Air française, créée en 1933, on compte 110 000 mobilisés, et 1 580 avions de chasse dont 566 disponibles en métropole. Dès les premiers combats aériens, la Luftwaffe domine le ciel et affirme sa suprématie.

Le 10 mai 1940, après une longue période d’inactivité, Hitler porte la guerre sur le front occidental. Débute alors la bataille de France. Au cours de celle-ci, se déroulent de nombreux combats aériens et permettent à plusieurs pilotes d’ouvrir leur palmarès, comme Jean ACCART. Après la défaite de juin 1940, le gouvernement français se divise. Les uns prônent de suivre le maréchal Pétain, tandis que d’autres, peu nombreux, rejoignent Londres et le général de Gaulle. Pour de nombreux jeunes pilotes, la frustration est grande car ils n’ont guère eu le temps de faire leur preuve dans le ciel de France. A partir de juillet 1940, nombre d’entre eux décident de gagner l’Angleterre, Jacques ANDRIEUX est l’un d’entre eux.

En septembre 1941, les premiers groupes de chasse français des Forces aériennes de la France Libre sont créés. En 1942, il est projeté de créer une escadrille chargée de combattre sur le front germano-soviétique. Avec un palmarès de 273 victoires homologuées et 37 probables, « Normandie-Niémen » devient une unité d’élite. Le capitaine Roland de la POYPE fait partie de ces pilotes. Dans le même temps, les Alliés remportent peu à peu des succès décisifs. Ainsi, c’est au cours du débarquement de Provence d’août 1944, que le jeune pilote Gabriel GAUTHIER est engagé.

 

Des aviateurs de la Seconde Guerre mondiale au parcours singulier

 

Témoignage de Jean ACCART (AI8Z 386) : Groupe de chasse I/5 et II/2 « Berry », 12 victoires aériennes homologuées, quatre probables, (Do 17 ; He 111 ; Do 215) :

Affecté durant la campagne de France dans l’escadrille SPA 67 du I/5 composée de Curtiss P.36, il participe, le 1er juin, à une mission conjointe avec des Dewoitine pour intercepter des bombardiers ennemis près de Bâle. Au cours de cette mission, il est grièvement blessé. Rétabli, il rejoint l’état-major de défense aérienne Sud. Lors de l’invasion de la Zone libre (novembre 1942), il gagne l’Espagne, où il est fait prisonnier. Libéré, il passe en Afrique du Nord et devient commandant du squadron « Berry ».

L’extrait du témoignage porte sur ses premiers combats aériens lors la bataille de France.

 

Témoignage de Jacques ANDRIEUX (AI8Z 342) : (6 victoires homologuées, 4 probables ; Me 109, Fw 190, He 177) 

A l’été 40, il se décide de gagner l’Angleterre pour continuer la lutte. En décembre 1940, il arrive à Londres et rencontre pour la première fois le général de Gaulle. Après plusieurs mois de formation au sein de la Royal Air Force (RAF), il effectue, en septembre 1941 ses premières missions. Il survole la Manche entre les côtes françaises et les Cornouailles pour attaquer les navires allemands. Promu chef de patrouille en 1942, il reste au 130e squadron jusqu’en avril 1943 puis passe au 91e. En 1944, il rejoint le groupe de chasse III/2 « Alsace » au sein duquel il mène des opérations décisives pour la libération du territoire national. Il termine la guerre en Allemagne et devient Compagnon de la Libération (Décret 8 novembre 1944).

L'extrait du témoignage porte sur les opérations en mer entre l’Angleterre et la France.

 

 

Témoignage de Roland de la POYPE  (AI8Z 144) : (16 victoires aériennes homologuées, 2 probables (Me 109, Fw 189, Ju 87, Fw 190, Hs 126, Ju 88)

Après la défaite de juin 1940, il est l’un des premiers à rejoindre Londres. Il participe d’abord aux opérations alliées en Afrique occidentale française. Formé au sein de la RAF en 1941, il est muté au 602e squadron chargé d’escorter des bombardiers. Il obtient sa première victoire contre la Luftwaffe, en mer du Nord. En 1942, il part en URSS où il s’illustre au sein de l’escadrille « Normandie-Niémen ». En 1944, il reçoit le titre de « Héros de l’Union soviétique » et l’Ordre de Lénine avec Etoile d’argent. À la Libération, il devient Compagnon de la Libération (Décret du 29 décembre 1944).

L'extrait du témoignage porte sur les combats de Normandie-Niémen.

 

Témoignage de Gabriel Gauthier  (AI8Z 265) : (10 victoires aériennes homologuées et 2 probables (Do 17, Me 109, Ju 88, Do 217, Savoia 79)

Affecté au groupe de chasse II/7 au début de la guerre, il affronte la Luftwaffe et ouvre son palmarès en abattant deux avions ennemis. Blessé en décembre 1939, il est en convalescence jusqu’à la fin de la campagne de France. Il rejoint par la suite l’Afrique du Nord, et mène des opérations de protection de convois vers la Tunisie. En 1943, il participe à la conquête de la Corse, puis au débarquement en Provence (en tant que commandant la 2e escadrille). Blessé une seconde fois et abattu, il est sauvé par la Résistance. Il gagne dans la clandestinité la Suisse. Remis de ses blessures, il poursuit la guerre en continuant d’épingler des victoires à son palmarès.

L’extrait du témoignage porte sur le récit de son évasion vers la Suisse.

 

Les missions de la division des témoignages oraux

 

Au sein de la DTO créée en 2005, il n’est pas question d’archives papiers ou encore iconographiques mais bien d’enregistrements audiovisuels ou sonores de paroles de combattants ou de civils du ministère des Armées. Ces témoignages illustrent une part de l’histoire officielle, tout en apportant un regard plus intime sur les conflits contemporains ou sur les faits marquants du ministère. En effet, il y a autant de regards portés sur un événement qu’il y a de témoins. Bien souvent inédits, ces témoignages offrent une dimension plus humaine à l’histoire militaire et doivent être considérés comme autant de sources historiques. Dès 1974, les premières campagnes de collecte répondaient à l’application des problématiques de l’histoire sociale au domaine de l’histoire militaire. Devant l’intérêt croissant de recueillir l’expérience combattante d’hommes et de femmes, le Service historique de la Défense a développé une réelle expertise dans la collecte, la conservation et la valorisation de témoignages oraux.

 

Avec près de 3 000 témoignages, représentant plus de 7 000 heures d’écoute, le ministère des Armées est le premier agent de l’État à recueillir et traiter des témoignages. À travers la richesse de ces fonds, le SHD dispose ainsi de la parole d’officiers, sous-officiers et de soldats des deux guerres mondiales mais aussi de résistants. Ces archives orales abordent aussi la décolonisation ou des thématiques spécifiques. Aujourd’hui, elles sont complétées par l’expérience de la 4e génération du feu. Assurant la définition et la mise en œuvre de cette politique, la DTO poursuit seule cet effort de collecte ou aux côtés d’institutions tels que l’ONACVG ou le CERPA.

 

Aujourd’hui, la DTO poursuit cette mission à travers une active politique de collecte. Aussi, n’hésitez pas à confier votre expérience au SHD : shd-vincennes.resp-projets.fct@intradef.gouv.fr

 

Dernière modification le 21/12/2020

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