Se réinsérer, malgré tout

Dorival et Capon, Affiche pour l’association générale des mutilés de guerre, Paris, 1917. SHD/DAI/ DE 2017 PA 65

L’Association générale des Mutilés de la Guerre est fondée dès 1915 sous le haut patronage du président de la République Raymond Poincaré. Elle publie un premier bulletin en 1916. Cette affiche est réalisée dès 1917, car le monde des anciens combattants apparaît avant même la fin du conflit avec les soldats mutilés qui retournent dans leurs foyers. Cette affiche est due à deux artistes qui travaillaient alors ensemble : Geo Dorival, de son vrai nom Justin Marie Georges Dorival (1879-1968), élève de l’École nationale des arts décoratifs, et Georges Capon (1890-1980) qui fut élève de l'École supérieur de dessin et de modelage Germain-Pilon à Paris. Leur travail commun en général, et cette affiche en particulier, montre l’importance des anciens combattants invalides dans la société qui se dessine alors ; c’est un message d’espoir au milieu d’un océan de détresse.

Si les soldats blessés rejoignent le front après une convalescence plus ou moins longue, les soldats mutilés, invalides, bénéficient d’une réforme définitive de tout service militaire ainsi que de pensions liées à la gravité de leurs infirmités. Mais la loi sur les pensions datait de 1831 et leurs montants n’étaient plus adaptés. En outre, l’armée ne présentait les blessés en commission de réforme que lorsque leur état était stabilisé, en attente d’une réforme éventuelle, d’où une contrainte d’inactivité pour beaucoup d’entre-eux.

Cette affiche fait le lien entre tous ces soldats issus de milieux très différents, urbains ou ruraux, anciens officiers et anciens soldats. Ici un officier du 46e régiment d’artillerie amputé d’un bras serre la main d’un chasseur à pied estropié. Ils portent chacun la plus haute décoration possible pour leur grade (l’officier est décoré de la croix de chevalier de la Légion d’honneur et le soldat porte la Médaille militaire). Ils sont unis par le port commun de la Croix de Guerre, symbole des combattants ayant connu le feu. Même de retour dans leur foyer et définitivement réformés, ils continuent de porter leurs effets militaires, par fierté mais aussi parfois par manque de moyens pour pouvoir acquérir des vêtements neufs. Si ce document présente un aspect relativement positif du retour des mutilés, il ne faut pas oublier que la plus grande partie des 388 000 mutilés français étaient devenus une charge pour leur famille, malgré leur statut de héros. Cela explique la création de l’association générale des mutilés de la guerre en 1915, qui se regroupe pour s’entraider mutuellement et obtenir un véritable statut dans la société.

 

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Dernière modification le 02/07/2021