CNRD 2022-2023 : « L’école et la résistance : Des jours sombres au lendemain de la libération (1940-1945)

Le Service historique de la Défense, service patrimonial des archives du dépôt de la guerre, participe depuis plusieurs années au CNRD, en mettant à disposition des enseignants et des élèves les fonds et collections du ministère des Armées. Offrant un panorama unique sur l’histoire militaire à toutes les époques, tant en France qu’à l’étranger, le SHD souhaite donc accompagner les élèves dans cette réflexion civique suscitée par le concours et dont les enjeux mémoriels intéressent l’histoire collective.

Dans le cadre de ce nouveau thème, plusieurs entrées possibles à partir des fonds et collections du SHD :

Photo de résistants

Les dossiers individuels du bureau Résistance

Ce sont des dossiers d’homologation qui servent de base pour une recherche sur un parcours individuel de résistant. Il permet un aperçu de l’activité de la personne, de connaître son organisation et les noms de ses responsables. Il n’est qu’une étape dans la construction d’un parcours, il est souhaitable de le recouper avec d’autres documents : dossiers de réseaux, maquis, etc…

Les premiers dossiers de résistants sont constitués après la Libération avec la création en 1948 d’un bureau « résistance » charger de gérer les procédures. La constitution de ces dossiers donne droit, une fois l’homologation effective, a une pension militaire. L’administration va privilégier les engagements qui se rapprochent le plus de ceux des combattants réguliers, retenant en gros tous les agents des réseaux et les FFI.

Il y a environ 610 000 dossiers de demandes d’un titre de résistants, dont 443 000 ont abouti à une homologation.

Le fonds Pétain

Le Service historique de la Défense conserve à Vincennes le fonds Philippe Pétain issu du séquestre de ses biens en 1945, suite à sa condamnation par la Haute Cour de justice. Constitué d’un ensemble de documents très composites produits ou reçus par le cabinet civil du maréchal Pétain, il se compose d’une cinquantaine de cartons, regroupant des documents d’archives (liasses de correspondances, papiers personnels), de nombreuses iconographies (photographies, carnets), des objets et également près de 3 000 livres.

La période concernant l'État français permet de documenter de manière inédite, et avec toute la distance critique d’usage, un aspect du thème du concours 2022-2023 autour de « Pétain et l’École ». La présente sélection témoigne, en effet, de la manière dont l’idéologie véhiculée par la Révolution nationale imprègne l’école en instituant un jeu de dialogue entre les discours de Pétain et les élèves, eux-mêmes soutenus par leurs enseignants. Si les types d’envois impressionnent par la diversité de leurs formes, ceux-ci s’inscrivent très souvent dans des contextes particuliers, comme la période de Noël et surtout à des dates symboliques pour « honorer » la figure du maréchal : son anniversaire, la saint Philippe, le 1er mai ou encore la fête des mères.

Ecole de Cambous.

Quelques exemples :

  • École de Cambous

Ce collage en mosaïque de papiers de l’école de Cambous dans l’Hérault représente le drapeau français, au dos d’une affiche de la fête des mères de 1941. Derrière chaque carré, les élèves notent à l’attention du maréchal leurs bonnes actions, selon un code couleur très précis : bleu pour « l’entraide », blanc pour « les prières » et rouge pour « les sacrifices ». Ils prouvent ainsi leur moralité tout en répondant au discours du maréchal « de ne pas mentir », « d’être sage » en suivant son modèle. Ce code de moralité s’inscrit lui-même dans le cadre patriotique de la Révolution nationale, symbolisé par le drapeau et le texte d’accompagnement : « Pour notre chère France et son chef, vive la France !  À monsieur le Maréchal, l’école de Cambous ».

Légendes des images : École de Cambous. Drapeau français réalisé en mosaïque de papier « Pour notre chère France et son chef, vive la France !  À monsieur le Maréchal, l’école de Cambous ». SHD-Iconographie : Cote : 1K967/18/13

École de Cambous.

 

  • École publique de filles, Châtillon-sur-Indre.

Un cahier de dessins exécutés à partir de juin 1940 par des élèves de Châtillon-sur-Indre sous la direction de leur professeur. Ce document, très riche, témoigne, à hauteur d’enfant, du quotidien après la défaite de l’armée française. Si le premier dessin met en évidence la joie de revoir les copains de classe à la rentrée de septembre, les suivants soulignent, en creux et sur un ton nostalgique ce qu’ils ont perdu pour laisser voir un quotidien désormais marqué par l’exode des populations, les files d’attente devant les magasins, la pénurie des aliments, le retour des soldats, l’arrivée des soldats étrangers et les bâtiments détruits ….

Légende des images : École publique de filles, Châtillon-sur-Indre. Dessins d’enfants : scènes de la vie quotidienne, défaite de l’armée française. « Ma patrie Châtillon ouvre son cœur », 1940. Recueil de dessins d’enfants 32 x 24 cm. SHD-Iconographie: Cote : 1K967/5/1

École publique de filles, Châtillon-sur-Indre.

École publique de filles, Châtillon-sur-Indre.

 

  • Pensionnat catholique de Haute-Savoie

Le troisième document propose de parcourir la lettre d’une maîtresse d’un pensionnat catholique de Haute-Savoie, datée du 25 août 1941, qui explique vouloir accompagner l’envoi des « secrets de conscience » des petites filles de sa classe, sur des petits bouts de papier et papier calque. Cette fois, ils sont illustrés de symboles véhiculés par la Révolution nationale comme le casque Adrian, Jeanne d’Arc, Saint Louis, Bayard, Napoléon et d’autres. Faisant écho à la nouvelle circulaire du 9 novembre 1940 sur l’enseignement en école primaire, l’école de Vichy met en avant une nouvelle conception de l’Histoire, qui ne se résume plus à une succession de faits mais est le résultat d’une lente évolution. L’école française sera désormais nationale car, selon l’opinion de Pétain, « les Français n’ont pas de plus haut intérêt commun que celui de la France 1». Et la préconisation des nouveaux programmes du régime de Vichy d’étudier les héros de l’histoire française est justement l’occasion pour les élèves d’assimiler le bon modèle civique. Ainsi, un certain nombre de figures historiques sont largement valorisées et devant être connues par les élèves.

Légende des images : (75 petits papiers), 1941. Lettre avec dessins. SHD-Archives : Cote : 1K967/16
 

1 Revue des Deux mondes, 15 août 1940, article de Philippe Pétain.

Pensionnat catholique de Haute-Savoie

Pensionnat catholique de Haute-Savoie

Pensionnat catholique de Haute-Savoie

 

 

  • Les jeunes de Rodez

Enfin, autre forme de cadeau à l’attention du maréchal Pétain, ce recueil de lettres provenant de tous les élèves de la ville de Rodez (Hérault), réalisé à l’occasion de son 85e anniversaire en 1941. Se présentant sous une forme reliée aux symboles de l’État français, du Maréchal et de la ville, ces lettres proviennent de tout niveau scolaire allant de l’école maternelle, primaire, cours élémentaire, lycée, jusqu’à des lettres de l’école normale d’instituteurs de Rodez et de tout type d’établissement, de l’école publique ou libre, d’institutions religieuses... La lecture des différents écrits converge vers l’idée selon laquelle le maréchal incarne l’homme providentiel qui peut les sauver.

 

Légendes des images : Les jeunes de Rodez à Philippe Pétain, Maréchal de France,  chef de l’Etat français, 24 avril 1941: Recueil de lettres, Rodez, 1941  SHD-Bibliothèque : Cote : FPP 4°3

Les jeunes de Rodez à Philippe Pétain

Dernière modification le 09/09/2022

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