Je recherche... un personnel de la Marine

Cette fiche s’adresse aux chercheurs ou aux particuliers faisant des recherches biographiques ou généalogiques dans les fonds de la Marine.

Recherches biographiques et généalogiques dans les fonds de la Marine

En matière de recherches biographiques et généalogiques, les recherches gagnent à se focaliser en premier lieu sur les deux sources principales que constituent les registres matricules et les dossiers de carrière.


Le matricule est un document synthétique récapitulant toutes les étapes de la carrière d’un individu. La marine y recourt dès la fin du XVIIe siècle pour gérer les marins de la pêche et du commerce qu’elle astreint à un temps de service sur les bâtiments de guerre, puis en étend progressivement l’utilisation à toutes les catégories de personnel. Chaque individu se voit attribuer lors de son entrée au service un numéro, et est couché sur une case matriculaire au sein d’un registre matricule. La case est mise à jour au fur et à mesure de l’évolution de sa carrière et de ses affectations. La nature des renseignements peut varier quelque peu selon les catégories de personnel et les périodes considérées, mais consiste en général dans le nom, les prénoms, la filiation, le domicile, une description physique, les détails de la carrière et des affectations, les blessures, les récompenses et décorations. Les matricules sont souvent (mais pas toujours) munies de tables alphabétiques.
Le dossier de carrière contient, lorsqu’il est complet, des éléments relatifs à l’entrée au service, les relevés de notation, un état général des services établi lors de la cessation d’activité, et toutes les pièces de correspondance entre l’individu et son administration d’emploi. Il faut cependant souligner qu’à l’exception de certaines catégories de personnel (les officiers notamment), les dossiers de carrière n’ont pas été systématiquement collectés ni conservés.


Selon les catégories de personnel et les périodes considérées, les recherches sont à mener dans les fonds de l’administration centrale (Centre historique des archives (Vincennes) et tout particulièrement la série CC), dans les fonds des ports de guerre (à Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon, et tout particulièrement la série M), ou dans les fonds des quartiers de l’inscription maritime (à Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon, série P).

Personnel militaire et civil de la Marine militaire

Dossiers et cases matricules : Officiers mariniers et matelots

Les différents types de matricules
Pour recruter les simples matelots et les officiers mariniers destinés à constituer les équipages de la flotte de guerre, l’État impose dès le XVIIe siècle aux marins de la pêche et du commerce de servir périodiquement sur les bâtiments de guerre. Ce service, appelé système des classes sous l’Ancien Régime, puis inscription maritime, et dont les modalités ont varié avec le temps, est complété à partir de l’Empire par le recrutement de conscrits et d’engagés volontaires. Les carrières militaires des marins issus de l’inscription maritime d’une part, et ceux issus de la conscription et de l’engagement d’autre part, ont été gérées jusqu’en 1924 par des organismes différents. De ce fait et jusqu’à cette date, les cases matricules sont à rechercher dans des fonds d’archives distincts : fonds des services locaux de l’administration de l’inscription maritime (pour plus d’information, voir marins de la pêche et du commerce) dans le premier cas, fonds de l’administration centrale de la Marine dans le cas des marins issus de la conscription et de l’engagement volontaire jusque vers 1830 (Centre historique des archives (Vincennes), sous-série CC 3) puis, pour la période postérieure et jusque vers les années 1950, fonds de chacun des dépôts des équipages de la flotte (Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Toulon), conservés par l’antenne correspondante (série M). Il est à noter que les engagés et recrutés pouvaient choisir, à l’issue ou durant leur temps de service, de passer sous le régime de l’inscription maritime. Dans ce cas, les recherches entamées dans les fonds des dépôts des équipages de la flotte sont à compléter en recourant aux archives des quartiers de l’inscription maritime. À partir de 1924, les dépôts des équipages gèrent les carrières de tous les membres des équipages de la flotte, quel que soit le statut de ces derniers.


Enfin, on notera que l’on trouve également dans le fonds de l’administration centrale, pour la seconde moitié du XIXe siècle, des matricules d’officiers-mariniers ainsi que celles de catégories aussi particulières que les marins pompiers ou les garde-consignes (Centre historique des archives (Vincennes), sous-série CC 3).


Localiser une case matricule

En l’absence du numéro matricule de l’individu auquel on s’intéresse, il n’est parfois guère aisé de localiser le dépôt des équipages ou le quartier de l’inscription maritime qui gérait sa carrière. Dans le cas d’une recherche portant sur un inscrit maritime, voir ci-dessous le chapitre consacré à ce cas de figure. En ce qui concerne les marins issus de l’engagement ou du recrutement, on ne peut que donner les éléments suivants : de 1825 à 1856, les conscrits et les engagés sont immatriculés dans le port dans lequel ils servent et sont réimmatriculés à chaque changement de port. De 1856 à 1886, ils sont immatriculés une fois pour toutes dans le premier port dans lequel ils servent. À partir de la fin de l’année 1886, ils sont immatriculés dans le port chef-lieu de la circonscription de réserve de leur domicile, quel que soit le dépôt dans lequel ils sont incorporés pour la première fois. Le tableau qui suit donne la correspondance entre le département de domicile et le port d’immatriculation, telle qu’elle s’établit à partir de 1886 (elle peut cependant servir de base pour les recherches portant sur la période antérieure) jusque sans doute la Seconde Guerre mondiale au moins.

Domicile et port d'immatriculation des recrutés et des engagés à partir de 1886 (d’après Modification au tracé des circonscriptions de réserve maritimes, 15 juin 1885)

Ain : Toulon
Aisne : Cherbourg
Algérie : Toulon
Allier : Toulon
Alpes-maritimes : Toulon
Ardèche: Toulon
Ardennes : Cherbourg
Ariège : Rochefort
Aube : Cherbourg
Aude : Toulon
Aveyron : Toulon
Basses-Alpes : Toulon
Basses-Pyrénées : Rochefort
Bouches-du-Rhône : Toulon
Calvados : Cherbourg
Cantal : Toulon
Charente : Rochefort
Charente-Maritime (Charente-Inférieure) : Rochefort
Cher : Lorient
Corrèze : Rochefort
Corse : Toulon
Côte-d’Or : Toulon
Côtes d’Armor (Côtes-du-Nord) : Brest
Creuse : Rochefort
Deux-Sèvres : Rochefort
Dordogne : Rochefort
Doubs : Toulon
Drôme : Toulon
Eure : Cherbourg
Eure-et-Loir : Brest
Finistère : Brest
Gard : Toulon
Gers : Rochefort
Gironde : Rochefort
Haute-Garonne : Rochefort
Haute-Loire : Toulon
Haute-Marne : Toulon
Hautes-Alpes : Toulon
Haute-Saône : Toulon
Haute-Savoie : Toulon
Hautes-Pyrénées : Rochefort
Haute-Vienne : Rochefort
Hérault : Toulon
Ille-et-Vilaine : Brest
Indre : Lorient
Indre-et-Loire : Lorient
Isère : Toulon
Jura : Toulon
Landes : Rochefort
Loire : Toulon
Loire-Atlantique (Loire-Inférieure) : Lorient
Loiret : Lorient
Loir-et-Cher : Lorient
Lot : Rochefort
Lot-et-Garonne : Rochefort
Lozère : Toulon
Maine-et-Loire : Lorient
Manche : Cherbourg
Marne : Cherbourg
Mayenne : Brest
Meurthe-et-Moselle : Cherbourg
Meuse : Cherbourg
Morbihan : Lorient
Nièvre : Lorient
Nord : Cherbourg
Oise : Cherbourg
Orne : Brest
Pas-de-Calais : Cherbourg
Puy-de-Dôme : Toulon
Pyrénées-Orientales : Toulon
Rhône : Toulon
Saône-et-Loire : Toulon
Sarthe : Brest
Savoie : Toulon
Seine : Cherbourg
Seine-et-Marne : Cherbourg
Seine-et-Oise : Cherbourg
Seine-Inférieure (Seine-Maritime) : Cherbourg
Somme : Cherbourg
Tarn : Toulon
Tarn-et-Garonne : Rochefort
Territoire de Belfort : Toulon
Var : Toulon
Vaucluse : Toulon
Vendée : Lorient
Vienne : Rochefort
Vosges : Cherbourg
Yonne : Lorient

 

Officiers

Les officiers de la Marine militaire ne se limitent pas aux officiers de vaisseaux mais se répartissent en de nombreux corps que la Marine en est progressivement venue à considérer comme militaires ou à assimiler comme tels. Ce terme recouvre donc de nombreuses professions : ingénieurs, médecins, pharmaciens, commissaires, etc.
Les dossiers individuels sont à rechercher dans le fonds de l’administration centrale de la Marine (Archives nationales, série C7 pour les officiers ayant servi avant la Révolution. Centre historique des archives (Vincennes), sous-série CC7 pour la période postérieure). Pour une période débutant vers 1860-1870 environ, des registres matricules sont conservés par les antennes portuaires (Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon, série M). Le port d’immatriculation (lequel ne deviendra unique, quelle que soit l’affectation de l’officier considéré, qu’à partir de 1889), est donné par les listes d’officiers publiés annuellement par la Marine : il s’agit, selon la période considérée, de l’Etat général de la Marine, l’Annuaire de la Marine et des colonies, l’Annuaire de la Marine, l’Annuaire des officiers. De manière générale, ces publications s’avèrent extrêmement utiles pour une première identification, puisqu’elles précisent le nom de chaque officier, la liste complète de ses prénoms, sa date de naissance, son grade et sa date d’entrée dans ce grade, ses décorations. En outre, on y trouve la liste des membres des états-majors des principaux services et commandements de la Marine, ce qui permet de connaître l’affectation d’un officier au moment considéré.

Troupes de Marine
Créées en 1621 par Richelieu, les troupes de la Marine sont réorganisées en 1769 sous le nom de corps royal d’artillerie et d’infanterie de la Marine. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, elles ont surtout une vocation coloniale. Elles sont rattachées en 1900 au ministère de la Guerre. Les registres matricules, quelle que soit la période considérée, sont conservés à Vincennes (sous-série 43 Y c). On signalera toutefois la présence au SHD à Toulon de matricules et contrôles d’unités casernées dans ce port : canonniers (1776-1826), ouvriers militaires (1796-1857), infanterie de Marine (1792-1825), artillerie de Marine (1792-1855).
Les autres types de documents nominatifs sont conservés par les Archives nationales pour la période antérieure à la Révolution (Archives nationales, sous-série C3), la division Marine pour la période comprise entre la Révolution et 1900 (Centre historique des archives (Vincennes), sous-série CC 3), et par le Centre historique des archives (Vincennes) pour la période postérieure.


Personnel civil

Pour assurer les fonctions administratives et techniques, la Marine a recruté des personnels dont le statut a fortement varié au fil du temps et selon la nature des fonctions assumées.
Le personnel "entretenu" était payé à l'année sur des postes fixes de responsabilité et d'encadrement : intendants, commissaires, écrivains, ingénieurs, maîtres, médecins, professeurs, etc. La plupart de ces catégories de personnel seront progressivement assimilées à la catégorie des officiers. Outre les sources recensées ci-dessus (voir Officiers), on signalera l’existence de documents relatifs à la carrière de la maistrance (augmentations, promotions, sanctions) dans les fonds des conseils d’administration des ports (Cherbourg, Brest, Rochefort et Toulon, sous-série 3 A. Fonds disparu pour Lorient).
La grande majorité du personnel d’exécution est longtemps restée composée de journaliers et, jusqu’en 1864, d’ouvriers de la construction navale soumis, comme les marins de la pêche ou du commerce, à l’inscription maritime et réquisitionnés quand le besoin s’en faisait sentir. (Les cases matriculaires de ces derniers sont à rechercher dans les fonds de l’inscription maritime, voir Marins de la pêche et du commerce). Peu à peu, ce personnel devient permanent jusqu’à acquérir le statut d’ouvrier réglementé ou de fonctionnaire. Les collections de registres matricules des ouvriers, souvent très lacunaires, sont conservées dans les antennes portuaires, en général dans la série M, avec quelques exceptions parmi lesquelles la plus notable consiste en la matricule des ouvriers du service des constructions navales du port de Toulon, classée en sous-série 2 G 1. Le port de Toulon offre également la particularité de conserver, pour ces mêmes ouvriers du service des constructions navales, une très riche série de dossiers de carrière, portant sur une période allant de 1880 à 1977 (Toulon, sous-série 2 G 2). En effet, en règle générale, les dossiers du personnel civil n’ont fait l’objet que de très peu de versements auprès des antennes du département Marine.

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Última modificación el 19/11/2019