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Description physique
126 dossiers dont 3 dossiers renfermant des doubles d'archives classifiées soit 11, 70 ml.
Classement
Le fonds a été classé par thématique en distinguant les différentes étapes du projet SYRA : l'avant-projet (définition du matériel, conditions de réalisation, budget le projet) et le projet lui-même (réalisation d'essais, expérimentation de prototypes).
Inventarios
Système de roquettes d'artillerie (SYRA)
Fechas
1967-1978Présentation du contenu
Le système de roquettes d'artillerie SYRA a vu le jour dans le cadre d'un programme d'armement mené à la fin des années soixante. Dans le contexte d'un affrontement Est/Ouest, le système est développé pour freiner les blindés soviétiques et les séparer de leurs unités arrière. Né de l'expression d'un besoin militaire de l'EMAT, le développement de ce matériel est placé sous la responsabilité de la DMA.
On peut ainsi distinguer deux principales phases dans le cadre du projet SYRA :
L'avant-projet et première phase de développement du programme SYRA s'échelonnèrent de 1968 à 1975.
L'ingénieur général de l'armement Michel Marest livre dans le tome 9 du comité de l'histoire de l'armement terrestre les détails du programme : « La directive d'orientation du 10 juillet 1968 de l'EMAT définissait les principales caractéristiques militaires souhaitées pour un système d'artillerie de brigade capable de réaliser en 10 à 20 secondes, avec six lanceurs multitubes (une batterie) et une consommation maximale de 11 tonnes de munitions par intervention, la saturation antiblindés d'une zone de 20 hectares ou la saturation antipersonnel d'une zone de 40 hectares, la portée maximale du système d'arme ne devant pas être inférieure à 20 km. Sur l'expression du besoin, trois points devaient être plus particulièrement soulignés : A la D.T.A.T., la mission étatique de conduite des opérations fut confiée à l'ingénieur en chef Cartoux, chef du bureau «Techniques communes» du Service armes et systèmes d'armes – ASA/TC - avec le soutien de l'Établissement d'études et de fabrications d'armement de Bourges (EFAB) pour la définition des spécifications techniques et la consultation des industriels compétents. La période comprise entre juillet 1969 et avril 1972 fut consacrée au concours d'avant- projets, à la levée des incertitudes techniques sur des points critiques concernant des caractéristiques militaires majeures, à une phase de développement exploratoire devant aboutir à la définition du système d'arme et à son développement proprement dit.
Le concours d'avant-projets lancé par l'EFAB à partir du 7 juillet 1969 portait sur:
Le véhicule porteur retenu fut le camion Berliet GBU adopté par l'armée de Terre.
Les points clés de ce concours d'avant-projets furent d'une part, l'ensemble propulsif des vecteurs dont dépendait la justesse des tirs, quelles que soient les conditions atmosphériques (température, vent transversal...) et d'autre part, les têtes militaires anti- blindés qui commandaient l'efficacité.
Hotchkiss-Brandt, SEP, SERAT et Nord Aviation furent intéressés par les propositions relatives aux vecteurs.
Les premières propositions portaient sur des solutions allant de la roquette monoétage à faible vitesse de largage à la bouche du lanceur de l'ordre de 60 m/s qui ne pouvait satisfaire balistiquement. Justesse « tous temps» des tirs au problème posé, à des roquettes biétage – propulseur d'accélération et propulseur de croisière - à vitesse de largage de l'ordre de 200 m/s (et atteignant des vitesses de l'ordre de 400 m/s à l'allumage du propulseur de croisière), en passant par des solutions hybrides à propulseur de croisière mais avec lancement par effet sans recul ou effet mortier.
Après discussion sur ces premières idées, les propositions furent figées sur les concepts suivants :
En ce qui concernait les têtes à grenades, en dehors de la solution d'attaque par les toits développée à l'occasion de l'étude NACEL et poursuivie par l'EFAB, la novation provenait d'Hotchkiss-Brandt qui proposait une solution d'attaque latérale des véhicules blindés par grenades mises à feu simultanément par dispositifs de lancement à effet sans recul dans des directions radiales autour de l'axe du projectile, le déclenchement à proximité du sol étant commandé par un appendice mécanique simple. Les caractéristiques principales de ces deux projets étaient les suivantes :
C'est dans le cadre de ces avant-projets de têtes militaires à effet immédiat, que fut faite la première proposition de tête militaire guidée, émanant de la société MATRA, avec autodirecteur passif laser utilisant les techniques mises en oeuvre pour l'engin MAGILAZS. Cette proposition resta sans suite.
En ce qui concernait les têtes à mines, les propositions émanaient de SNIAS/SERAT et de l'EFAB. Elles portaient sur des solutions à mines posables avec parachute, toutes ces mines étant équipées d'allumeurs à influence pour effet ventral.
Les propositions concernant ces allumeurs émanaient de SNIAS/SERAT et de l'Atelier de fabrication de Toulouse (ATE). Ensemble oscillo-pivotant de mise en direction des lanceurs et équipements de tir : ces éléments du système d'arme ne présentent pas d'incertitudes techniques.
Les industriels susceptibles d'intervenir dans la définition de ces éléments étaient :
Les études de faisabilité menées entre 1970 et 1972, avaient pour objet de lever certaines incertitudes techniques qui risquaient de remettre en cause des caractéristiques militaires majeures : portée max, efficacité anti-blindés liée à la justesse des tirs et à l'effet terminal.
Elles portaient sur les vecteurs et les têtes :
En avril 1972, la faisabilité des propulseurs d'accélération SNIAS-SERAT et SEP était acquise; il en était de même du canon sans recul à chambres latérales Hotchkiss-Brandt mais avec des caractéristiques insuffisantes de vitesse de sortie de canon de la roquette. Le principe de fonctionnement de la tête à grenades à effet horizontal Hotchkiss-Brandt était acquis mais l'efficacité, examinée par la SROAT, restait très faible sans choix préférentiel directionnel d'éjection des sous projectiles. La faisabilité de la tête à mines posables était acquise (avec allumeur à influence ATE), celle de la tête à mines largables - sans parachute - restait à prouver (résistance à la chute, en particulier pour le capteur sismique de l'allumeur).
Un premier rapport de synthèse faisant le point de la situation technique et des aspects calendaires et financiers des propositions fut établi par la direction de programme en juin 1972 et proposait les choix suivants : Quelle que soit l'option retenue pour le vecteur, les critères concordaient pour les autres sous-ensembles et conduisirent à retenir :
En ce qui concernait le vecteur, le choix de la DTAT se porta sur la solution SNIAS/SERAT «sans condamner la solution Hotchkiss-Brandt » moins performante mais aussi moins coûteuse qui restait une solution de repli « acceptable ».
Aucune proposition de tête à grenades à effet immédiat ne fut retenue, leur conception classique n'aboutissant qu'à une très faible efficacité vis-à-vis de la cible de référence. A la réception de ce rapport, la Direction des programmes et des affaires industrielles de la DMA demanda une étude complémentaire de l'incidence de certaines atténuations des caractéristiques militaires sur les coûts d'approvisionnement des systèmes d'armes.
Les conclusions de cette étude furent transmises à l'EMAT et à la DMA/DPAI en novembre 1972, sous la forme d'une alternative, dans le cas d'un lancement de développement sur la base des caractéristiques militaires existante, la DTAT proposait :
L'état-major de l'armée de Terre prit position en maintenant la priorité à la lutte antichar par tir indirect pour ce nouveau système d'arme et la fiche de lancement du programme, rédigée en ce sens, fut signée par le ministre, le 27 août 1973.
Première phase de développement du programme (1973-1976)
Le lancement du programme dénommé « SYRA , s'opéra en suivant les propositions faites par la DTAT en novembre 1972, avec une première phase, dite « lot 1 », d'une durée de deux ans, comportant le développement simultané, jusqu'à la levée des incertitudes techniques, des deux options de vecteurs, la roquette biétage SNIAS-SERAT et la roquette à propulseur de croisière Hotchkiss-Brandt lancée par canon sans recul. A la fin de ce lot 1, une seule option de vecteur ne fut retenue pour la suite du développement. Dans le même temps, étaient engagés, au stade maquette, les développements des autres sous-ensembles : véhicule lanceur avec ensemble oscillo-pivotante, fusée chronométrique et équipements de tir, têtes militaires à effet anti-blindés et antipersonnel. Pour la lutte anti-blindés, en plus de la tête à mines largables déjà retenue au stade des avant-projets initiaux, on envisageait - pour remédier à la carence des solutions à effet immédiat jusqu'alors envisagées - un nouveau concept comportant l'introduction d'un capteur de détection de l'objectif, les sous projectiles de la tête militaire étant projetés dans la direction ainsi détectée.
C'était, pour l'armement terrestre, la première expression de munition antichar, non guidée, dite, de nos jours ACED (Anti-char à effet dirigé). Les premières études concernant ce nouveau modèle de tête militaire portaient sur la « signature » des chars aux rayonnements infrarouge et électromagnétique et sur des calculs de probabilité d'atteinte et de destruction de manière à retenir la solution la plus performante. Une consultation d'industriels était prévue pour le début de 1976 en vue de lancer une étude de faisabilité. Une seconde orientation portant sur une tête à guidage terminal par illumination laser était envisagée avec développement exploratoire en 1977. Ces perspectives de têtes efficaces à effet immédiat étaient de nature à affirmer l'intérêt opérationnel du système d'arme pour la mission de lutte anti-blindé par tir indirect.
En ce qui concernait les vecteurs,
Les essais des deux vecteurs se poursuivaient jusqu'en juin 1976. C'était en particulier à l'occasion de tirs en rafale, à portée maximale, effectués au Centre d'essais de la Méditerranée que furent affirmées les qualités remarquables en justesse-dispersion - pour des roquettes - du vecteur biétage SNIAS/SERAT. C'était cette solution, la plus apte à satisfaire à l'utilisation opérationnelle recherchée, qui fut retenue en fin de lot 1 pour la poursuite du développement avec à court terme uniquement des têtes anti-blindés à mines dispersables mais avec la perspective de têtes futures à effet immédiat rendues efficaces par détection des cibles – effet dirigé, guidage terminal.
Ce développement ne fut pas mené à son terme pour des raisons à la fois techniques et économiques
Mais l'expérience acquise par les industriels était un acquis appréciable au moment de l'organisation de la coopération pour la fabrication en Europe, sous licence, du système lance- roquettes multiple américain MLRS ainsi que pour les études de nouvelles munitions intelligentes ».
Opinion citée MAREST (Michel) , TAUZIN (Michel), L'armement de gros calibre, tome 9, comité pour l'histoire de l'armement terrestre COMHART, centre des hautes études de l'armement , division histoire, 2008, p.203-208.
SHD, Châtellerault, 1031 2H1 /1.
SHD, Châtellerault, 1031 2H1 /1. Organisation DTAT pour l'étude et le développement d'un système d'armes lance-roquettes d'artillerie du 2 avril 1969.
SHD, Châtellerault, 1031 2H1 /1, Directives pour la 1ère phase de l'étude du système d'armes multitubes lance-roquettes d'artillerie du 4 avril 1969.
SHD, Châtellerault, 1031 2H1 /2. Note 11/CT/73 : réflexions sur les essais qui seront nécessaires au cours du développement du lance-roquette multiple SYRA du 16 janvier 1973.
SHD, Châtellerault, 737 2A1 / 1150 Rapport du contrôleur général des armées sur le déroulement puis l'abandon du programme Syra du 20 avril 1979.
Etablissement de Fabrication d'Armement de Bourges (EFAB).
Châtellerault
Au terme du classement, le fonds comporte 123 articles répartis en 80 cartons Cauchard. Les documents en double ont été éliminés (2,77 ml).
MAREST (Michel), TAUZIN (Michel), L'armement de gros calibre, tome 9, comité pour l'histoire de l'armement terrestre (COMHART), Centre des Hautes Etudes de l'Armement (CHEAR) , division histoire, 2008, p.203-208.
La fusion de deux établissements : l'Atelier de Constructions de Bourges (ABS), et l'Ecole de Pyrotechnie de Bourges donna naissance en 1967 à l'Etablissement de Fabrications d'Armement de Bourges (EFAB).
SOURCES COMPLEMENTAIRES DANS LE SERVICE D'ARCHIVES
Sous-série 2A1 – inventaire n°737 Dossiers du Service central des affaires industrielles de l'Armement (SCAI). Les articles SHD, Châtellerault, 737 2A1 / 1149 et 737 2A1 / 1150 se rapportent plus particulièrement au bilan du projet d'armement et de la mise en place d'une coopération franco-allemande.
Última modificación el 19/11/2019