Fonds de la Direction générale de la Garde et de ses brigades

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En dépit de la relative modestie de son volume, ce fonds présente un intérêt majeur pour les chercheurs travaillant sur la Seconde Guerre mondiale. Bien plus que refléter le fonctionnement et l'organisation structurels de l'éphémère direction, ces archives apportent un éclairage singulier et novateur de la politique d'instrumentalisation du maintien de l'ordre pilotée par le gouvernement de Vichy. Près de vingt ans après la publication du répertoire numérique détaillé de la Direction de la Gendarmerie nationale « Seconde Guerre mondiale » (sous-série 1A), ces 66 articles font office de chaînon manquant dans la compréhension de l'articulation administrative et fonctionnelle de la gendarmerie des « années noires ».

Ces archives témoignent tout d'abord du long processus de restructuration de la GRM imposé par l'occupant à l'État français dans le but de l'intégrer dans l'armée d'armistice. Par la suite, elles rendent compte de la politique menée par la sous-direction dès le début 1941, puis de la direction au printemps 1943, en terme d'emploi, d'organisation et de réglementation générale de la Garde, dans un contexte rendu difficile suites aux ingérences des autorités allemandes et à la politique du gouvernement de Vichy. Véritable instrument du maintien de l'ordre façonné par Vichy, tour à tour rattaché au bureau de la cavalerie et du train de l'armée, puis du Secrétariat d'Etat à l'intérieur, la Garde sera d'avantage utilisée dans l'intérêt du régime que dans celui de la collectivité nationale. Grâce à ces documents, des études pourront être menées sur les relations entretenues par les autorités d'occupation et l'État français en matière de sécurité intérieure , ainsi que sur le rôle tenu par la Garde dans les missions de répression, d'arrestation, de surveillance et de contrôle des populations .

En plus des nombreux registres de correspondance relatifs au fonctionnement interne de la direction et de son cabinet, une part importante de ce fonds est consacrée au personnel. Le chercheur y trouvera non seulement de précieux renseignements sur le recrutement, les mutations, l'avancement ou encore les salaires des personnels militaires et civils travaillant à la direction , mais plus largement sur l'ensemble du personnel employé à la Garde. On notera également le nombre conséquent de registres et de dossiers individuels traitant des mesures disciplinaires des officiers, des gardes et élèves gardes stationnés aussi bien en France métropolitaine qu'en Afrique du Nord . Leur inflation est constante à mesure que Vichy durcit ses positions et accroît son collaborationnisme. Ils attestent de l'attitude de certains personnels. Ces informations pourront utilement être complétées par des documents ayant trait à l'épuration administrative. La présence d'éléments logistiques est aussi à signaler. Ce fonds fait état de plusieurs cartons dédiés au matériel, à l'habillement et au casernement . On y trouve également des données relatives à l'instruction des gardes (programmes, notes, activités physiques, activités récréatives) , avec notamment des dossiers spécifiques sur le fonctionnement de l'école de la Garde à Guéret et sur la mutinerie de juin 1944. Enfin, plusieurs registres de correspondance font état des relations de la direction avec les états-majors des brigades de la Garde de la fin mai 1943 à la mi-août 1944. Ces documents pourront être complétés avec intérêt avec les archives relatives à l'organe liquidateur de la Direction générale pour une étude plus ciblées sur la sortie de Guerre et le rétablissement de la légalité républicaine.