Un nouveau rôle politique, une nouvelle place sociale

Le Petit Journal, 21 décembre 1919. Collection particulière.

Après quatre années d’interruption du cours normal de la vie démocratique, de nouvelles élections législatives sont fixées en 1919. Les députés qui siégeaient alors avaient été élus le 1er juin 1914, et la population française, après une guerre longue et meurtrière, reprenait le chemin des urnes. Ce d’autant plus que les politiques étaient réputés avoir échoué dans leur tâche de protection du pays : la guerre n’avait pas été évitée, et les longues allocutions des députés à la Chambre semblaient vaines face à la réalité violente de la mort au quotidien. Aussi les anciens combattants, tout juste démobilisés, sont pressentis pour remplacer des politiques vus comme dépassés, inefficaces et d’autant moins respectables que, non mobilisables, ils étaient restés à l’arrière à débattre à l’Assemblée, tandis que les soldats montaient au front. Ce décalage important a provoqué un phénomène de transfert : puisque les poilus ont été braves devant l’ennemi et que grâce à eux, la France sort victorieuse d’un conflit long et dur, alors ils auront la capacité de gouverner le pays et de le reconstruire. En novembre 1919, ce sont ainsi 237 anciens combattants qui prennent place au Palais-Bourbon, constituant une Chambre « bleu-horizon », par analogie avec la couleur de leur uniforme. Parfois peu politisés, les anciens combattants sont courtisés par les partis politiques, qui ont pris conscience de l’intérêt de s’attacher leur notoriété et leurs états de service élogieux. Bien que ne constituant pas un groupe politique spécifique, ils participent très majoritairement au Bloc national, constituant la majorité de droite, même si certains anciens combattants siègent dans l’opposition, souvent dans une démarche pacifiste.

 

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Última modificación el 02/07/2021