La frégate La Méduse : une affaire rochefortaise
Ce dossier thématique reprend les éléments d'une vitrine conçue en collaboration avec le Musée national de la Marine, présentée à Rochefort du 9 mai au 19 septembre 2016.
En 1816, la France récupère ses comptoirs au Sénégal, occupés par les Britanniques, et décide d'envoyer des colons prendre possession de ce territoire rétrocédé.
Le 17 juin, une division de bâtiments militaires chargée d'acheminer le nouveau gouverneur de la colonie, des fonctionnaires, des militaires, des scientifiques et des colons (soit 392 personnes), quitte l’île d'Aix pour rallier Saint-Louis. La division se compose de la frégate la Méduse, navire sous le commandement du capitaine de frégate Hugues Duroy de Chaumareys, de la corvette l’Écho, du brick l’Argus et de la flûte la Loire.
Le 2 juillet, La frégate s'échoue sur un banc de sable à une douzaine de lieues (50 kilomètres) des côtes.
Un mois plus tard, 15 moribonds dérivant sur un radeau sont sauvés miraculeusement. Désastre maritime, tragédie humaine, scandale politique, procès sous pression de l’opinion : le naufrage de la Méduse a tous les caractères d’une affaire mêlant marine et politique. C’est à ce titre que Géricault s’empare du sujet et réalise en 1819 le chef-d’œuvre qui porte la mémoire de l’événement et lui a donné sa portée universelle.
Pour la Méduse aussi, il n’y a pas d’histoire sans source, et le SHD à Rochefort conserve l’essentiel des archives relatives au naufrage et à ses suites. Rôle d’équipage, pièces du procès (qui a lieu à Rochefort), courriers privés ou officiels, dossiers de carrière, mémoires et récits des témoins forment un fonds d’une grande richesse, incontournable pour qui s’intéresse à la Méduse et à la Marine de la Restauration. C’est depuis longtemps l’un des corpus les plus prestigieux du SHD à Rochefort : le bicentenaire du naufrage, retenu dans la liste officielle des commémorations nationales, lui donne une importance renouvelée.

Rôle d’équipage de bureau de la frégate du Roi La Méduse, 1816.
Toute campagne navale nécessite la rédaction d’un rôle d’équipage, dans lequel figurent les noms des participants, avec la durée de leur embarquement et la solde qui doit leur être remise en conséquence.
Les rôles de bord, tenus sur les navires, permettent d’enregistrer les embarquements et débarquements au jour le jour.
Les rôles de bureau sont tenus dans les ports d’armement. Le contenu de ces derniers est généralement moins complet, mais en cas de perte du bâtiment comme ce fut le cas pour La Méduse, il demeure la seule source d’information valide. Des croix ont été apposées sur celui-ci, face aux noms des personnes décédées à bord du Radeau. Comme pour beaucoup de sources relatives à la Méduse, la valeur historique est ici investie d’une émotion particulière.
3E2-849 : Rôle d’équipage de bureau de la frégate du Roi La Méduse, 1816.
Le procès de La Méduse a produit de nombreux documents d'archives conservés sous la cote MR 3 O 34 (voir l'inventaire de la série O).
Le dossier se compose des pièces suivantes :
1. Premier conseil de guerre maritime du 22 janvier 1817 (1 page)
2. Lettre de Belenfant du 13 juin 1821 (1 page)
3. Bordereau de pièce du 9 janvier 1817 (4 pages)
4. Instruction du vicomte du Bouchage, ministre de la Marine du 7 mai 1816 (11 pages)
5. Description nautique de la côte d’Afrique de 1814 (99 pages) MANQUANT le 24/06/2019
6. Rapport de Chaumareys sur la perte de la frégate La Méduse du 29 juillet 1816
7. Deuxième rapport de Chaumareys du 29 juillet 1816 (4 pages)
8. Autre rapport de Chaumareys (4 pages)
9. Rapport du gouverneur Schmaltz du 20 juillet 1816 (11 pages)
10. Etat des personnes sauvées du naufrage de La Méduse du 21 juillet 1816 (3 pages)
11. Instruction du gouverneur Schmalts du 9 juillet 1816 (4 pages)
12. Copie du rapport du lieutenant de vaisseau Parnajou, commandant l'Argus, au gouverneur Schmaltz du 19 juillet 1816 (4 pages)
13. Rapport du capitaine de frégate De Vénancourt du 2 septembre 1816 (4 pages)
14. Journal de campagne du Sénégal et de Gorée de De Vénancourt du 16 juin au 15 juillet 1816 (61 pages)
15. Liste des officiers de la frégate La Méduse du 3 juillet 1816 (3 pages)
16. Procès-verbal de la perte de La Méduse du 4 septembre 1816 (5 pages)
17. Rapport de Coudein du 4 septembre 1816 (7 pages)
18. Rapport de Haouen du 17 septembre 1816 (8 pages)
19. Rapport de séance du tribunal du 7 octobre 1816 (78 pages)
20. Continuation de l'interrogatoire du 3 novembre 1816 (16 pages)
21. Rapport de Chaumareys du 25 novembre 1816 (5 pages)
22. Extrait d'une lettre du gouverneur Schmaltz du 20 septembre 1816 (8 pages)
23. Audition de témoins du 22 janvier 1817 (143 pages en 2 pièces)
24. Interrogatoire du 3 février 1817 (41 pages)
25. Journal du capitaine de frégate de Venancourt, commandant la corvette L’Echo du 15 juillet au 15 août 1816 (63 pages)
26. Journal du capitaine de frégate de Venancourt, commandant la corvette L’Echo du 15 août au 2 septembre 1816 (37 pages)
27. Etat nominatif des maîtres étant à bord de la frégate La Méduse du 5 juillet 1816 (2 pages)
28. Liste des officiers composant l’état-major de la frégate La Méduse du 2 juillet 1816 (1 page)
29. Rapport du 18 février 1817 (2 pages)
30. Rapport de la citation de S. Vattel du 20 février 1817 (4 pages)
31. Rapport de la chambre criminelle de la Marine du 20 janvier 1817 (4 pages)
32. Lettre de Le Carlier d’Herly du 17 février 1817 (3 pages)
33. Liste des officiers de la Marine du tribunal du 17 février 1817 (1 page)
34. Jugement et pièces diverses du 24 février 1817 (18 pages)
35. Enveloppe contenant la pièce 36 (1 pièce)
36. Enveloppe avec cachet de cire (2 pièces)
37. Résumé du rapport et conclusion du 3 mars 1817 (16 pages)
38. Extrait du jugement du conseil de guerre maritime du 3 mars 1817 (1 pièce)
39. Rapport de Savigny du 22 août 1816 (14 pages)
40. Carte de la côte ouest de l’Afrique de 1934 à 1955 (1 pièce)
41. Carte du point d’échouage de La Méduse, 18 avril 1967 (1 pièce)
Il est consultable sous la forme d'un fichier PDF doté d'un sommaire interactif disponible ICI.
Il nécessite un temps de téléchargement conséquent (348 Mo, 335 vues).
Lettre de Parnajon à Schmaltz, à bord de L’Argus, 19 juillet 1916.
Le lieutenant de vaisseau Parnajon, capitaine du brick l’Argus qui accompagnait la frégate La Méduse au départ de l’île d’Aix, fut envoyé pour porter secours aux naufragés. Il informe ici le gouverneur du Sénégal, lui-même rescapé du naufrage. Cette lettre souvent citée, contient la description bouleversante de la découverte de la tragédie du radeau : ceux que j’ai sauvés s’étaient nourris de chair humaine depuis plusieurs jours, et au moment où je les ai trouvés, les cordes qui servaient d’étai au mât de leur radeau étaient pleines de morceaux de cette viande qu’ils avaient mise à sécher.
3 O 34 (12)

Enveloppe scellée ayant contenu le jugement de Chaumareys, 1817.
Cette enveloppe contenait la conclusion et l’avis du juge dans la procédure relative à la perte de la frégate La Méduse. Scellée par le contre-amiral Anne-Salomon-Louis de La Tullaye, président du Conseil de guerre, elle est signée au dos par les sept capitaines de vaisseaux, chevaliers de l’Ordre royal et militaire de Saint Louis, qui composèrent le Conseil de guerre réuni à bord du vaisseau-amiral le 3 mars 1817 à Rochefort : Alphonse Poret comte de Blosseville, Emmanuel Halgan, Laurent Tourneur, Cristophe-Joseph-Victor de Cairon Merville, Eustache-Marie-Joseph Bonamy, Jean-Jules Desrotours, et Jean-Baptiste La Salle-d’Harader. Le SHD conserve ainsi des objets symboliques à forte valeur affective autant que documentaire.
3 O 34 (36)

Abandon du radeau de La Méduse.
Avant et après Géricault, les épisodes du drame de la Méduse inspirent les artistes. Une imagerie savante et populaire se met ainsi en place et perpétue le souvenir de l’événement. Antoine Léon Morel-Fatio, alors jeune artiste spécialisé dans la marine figure ici l’abandon du radeau, initialement remorqué par les chaloupes du bord. Morel-Fatio fera pas la suite une brillante carrière de peintre officiel de la Marine et de conservateur du musée naval au Louvre.
50S1 : « Abandon du Radeau de La Méduse », dessiné par Morel Fatio, gravé par Virgile Huprelle. Paru dans La France maritime / par Amédée Gréhan.- Paris : chez Postel, 1837.

Dessins de la coupe de La Méduse naufragée, 31 mars 1964.
Le banc d’Arguin, immense îlot de sable au large de l’actuelle Mauritanie, est bien connu des navigateurs comme étant une zone à éviter. Le 2 juillet 1816, La Méduse s’y échoue brutalement en pleine journée, par beau temps, marée haute, dans moins de cinq mètres d’eau. Dans les années 1960, Edmond de Rocher se passionne pour le sujet et s’efforce de reconstituer le film de l’échouement. Il donne une localisation de l’épave et réalise des croquis qui n’ont guère été remis en cause depuis.
50S2 : Dessins de la coupe de La Méduse naufragée, 31 mars 1964 / par Edmond de Rocher.

Habit de "Premier maître marin", modèle 1804, ayant appartenu à Jean Daniel Coudein.
Dans l’armée française, le grade d’aspirant se situe à la charnière entre le corps des sous-officiers et celui des officiers. Ce terme évocateur désigne un militaire en formation, en attente de cette promotion. Il n’occupe donc pas de poste de commandement.
L’aspirant de première classe Coudein a 22 ans en 1816, lorsqu’il se trouve désigné pour commander le Radeau de la Méduse et dont il fut l’un des survivants.
FBUN0017. Don de la famille Coudein.
Le Service historique de la Défense, division Sud-Ouest à Rochefort à reçu en 2019 un don de monsieur Michel Hanniet (cote DE2019PA57), qui a consacré une grande partie de sa vie aux recherches sur la Méduse.
A cette fin, il a constitué une bibliothèque de référence répertoriant tout ce qui a été produit sur ce sujet.
Dernière modification le 14/09/2021