Henri Grimaud

1917-1944

Extraits des dossiers des départements Air (DE 2017 ZL 82 / 514, AI G 7886) ; Défense  (GR 16 P 270965) ; et Iconographie (AI 793 Fi)


 

Henri Joseph Eugène Grimaud est né le 10 décembre 1917 à Saint-Jean-en-Royans, au pied du Vercors, dans la Drôme. Il appartient donc à la classe de 1937. Il est enregistré sous le n°78 du bureau de recrutement de Valence qui le déclare bon pour le service armé. Le 23 avril 1938, il s’engage comme élève pilote et rejoint l’école d’Ambérieu. Il obtient le grade de sergent fin 1938, part se perfectionner à Istres comme pilote de chasse, est affecté en août 1939 à la 3e escadrille (la SPA 73 « Cigogne japonaise ») du Groupe de chasse II/7 sur la base aérienne de Dijon quand la guerre est déclarée le 3 septembre 1939.

Avec son escadrille, il rejoint le terrain d’aviation de Luxeuil et participe à la bataille de France. Le 1er juin, il abat deux avions allemands Heinkel He 111 et, le lendemain, en détruit un troisième. Le 15 juin, il réalise un second doublé en descendant un Dornier Do 215 et un Do 17. Puis le groupe de chasse se replie en Afrique du Nord.

En 1942, il est admis à l’école des officiers navigants et mécaniciens avec le grade d’aspirant, et rentre donc en Métropole pour suivre la formation à Salon-de-Provence. Il est nommé au grade de sous-lieutenant le 25 novembre 1942 puis placé en congé d’armistice à compter du 1er mars 1943.

Rappelé à l’activité le 10 octobre de la même année, il est affecté à la compagnie du Guet n°33/71 le 18 novembre à Privas dans l’Ardèche. À l’issue d’une permission se terminant le 29 juin 1944, il ne rejoint pas son unité et est déclaré déserteur le 15 juillet. En activité comme agent de renseignement (P2) auprès du réseau de résistance « Andromède- Zéphir » depuis le 1er septembre 1943, il a décidé de rejoindre le maquis du Vercors. Il prend part au combat de Vassieux-en-Vercors au cours duquel il trouve la mort le 21 juillet 1944.

As crédité de 5 victoires aériennes confirmées et 4 probables, Henri Grimaud sera promu lieutenant à titre posthume en juillet 1947.


 

Recrutement à Valence : livret matricule sous-off (Images 1 et 2)

Acte d’engagement (Image 3), à noter qu’il a dû obtenir l’autorisation de son père car il est mineur (il n’a pas encore 21 ans, soit alors l’âge légal de la majorité).

Officier (livret matricule officier, Images 4 et 5).

Avec ces 2 livrets on peut suivre son parcours. À noter la mention de sa désertion en 1944. A l’époque il n’est donc plus dans l’armée régulière et est passé dans la Résistance.

 

L’instruction de tout jeune soldat est vérifiée (Image 1) ; ce dernier est soumis à une dictée, une petite rédaction et un peu d’arithmétique.

Au cours de sa carrière de pilote, il subit régulièrement une appréciation de ses capacités (Image 2).

Henri Grimaud a passé le concours d’entrée à l’école des officiers des officiers navigants et a dû suivre toute une série d’épreuves (Images 3 et 4).

 

Blessé au cours d’une mission le 25 septembre 1939. De retour de mission, son Morane 406 prend feu. Gravement brûlé, Henri Grimaud parvient à sauter en parachute (Images 1 et 2).

Subit l’épuration administrative mise en place par le gouvernement de Vichy. Il doit alors signer plusieurs attestations (Images 3, 4, 5, 6 et 7) pour pouvoir poursuivre sa carrière militaire. A noter qu’il est extrêmement rare de les retrouver dans les dossiers de carrière surtout la 7.

L’activité de l’armée étant réduite une bonne partie de ses effectifs sont mis en congés d’armistice (Image 8).

Il est rappelé à l’activité et est muté (Image 9) bien qu’il ait tenté d’y échapper (Image 10). Il rejoint donc sa nouvelle unité afin d’éviter toute sanction.

 

Décès au combat. Appartient au maquis du Vercors. En juillet 1944, des troupes allemandes soutenues par la Milice lancent l’assaut contre cette importante base de la Résistance. Assaut au cours duquel de nombreuses exactions sont commises, 639 combattants et 201 civils sont tués. (Images 1 à 7)

 


 

Il obtient le titre du Pupille de la Nation son père étant mutilé de la Grande guerre (14-18) : jugement d’adoption en 1927 figurant en marge de son acte de naissance (Image 1).

Il obtient cinq citations (Images 2 et 3). À ses trois citations de la campagne de France, s’ajoutent deux citations au titre de la Résistance dont la dernière est délivrée avec sa nomination au grade de Chevalier de la Légion d’honneur.

Reconnu As : aviateur qui a obtenu au moins 5 victoires aériennes officielles et dont le nom est cité au communiqué officiel des armées (Image 4). Exemple de missions (Images 5, 6, et 7). Il participe à 19 missions de guerre pendant la bataille de France (10 mai – 25 juin 1940) au cours de laquelle 60 000 soldats français décèdent, 2 millions sont faits prisonniers, dans les airs combattent 2 000 avions alliés dont 1 300 français. Au 25 juin, 900 avions français ont été détruits ou perdus.

La mention « Mort pour la France » lui est accordée (Image 8)

Promu dans l’Ordre national de la Légion d’honneur au grade de chevalier (Images 9 et 10)

 

Parrain de la promotion 2003 de l’École militaire de l’Air.

Le souvenir de cet aviateur est rappelé par une stèle située au nord du village de Vassieux-en-Vercors, au milieu d’une prairie. Son nom est porté par une rue de la ville de Romans-sur-Isère située dans la Drôme.

L’aviation est une histoire de famille : son petit-frère Clovis, né en 1923, effectue son service militaire dans l’armée de l’Air puis fait ensuite carrière dans l’aviation civile.

 

Pour aller plus loin :

Voir sa fiche Mort pour la France sur le site Mémoire des hommes

Henri Grimaud a un dossier MPF à Caen sous la cote : AC 21 P 196928

 

Les As de la guerre 1939-1945, Daniel Porret (publication SHAA)

Invisibles vainqueurs, exploits et sacrifice de l’armée de l’Air en 1939-1940, Paul Martin

Dictionnaire universel de l’aviation, Bernard Marck

Dernière modification le 03/02/2023