Maréchal Louis Nicolas Davout.

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Rassemblant la correspondance officielle du maréchal Davout (1770-1823), ce fonds de soixante et un cartons, riche en documents originaux, apporte des éléments précieux pour la connaissance des actions, des méthodes d'information et de commandement du collaborateur de Napoléon. Il fait partie des archives de la Guerre depuis plus d'un siècle (janvier 1875).

Les quarante-cinq premiers cartons couvrent la période des guerres de l'Empire (1803-1814). Les rapports des subordonnés du maréchal, les ordres qu'il reçoit de Berthier et des bureaux forment l'essentiel des documents de 1803 à 1807 : camp de Bruges, mouvements du 5e corps d'août 1805 à juin 1806, reconnaissance dans la région de Bromberg et le long de la Vistule. Le gouvernement, l'armée, les finances, la défense du Grand duché de Varsovie font l'objet de mémoires. Les nombreux rapports du représentant de la France en Pologne ainsi que les renseignements recueillis par les agents de Davout à Varsovie dépeignent l'état d'esprit des Polonais (1808). Les huit cartons de l'année 1809 donnent des indications intéressantes sur les préparatifs de guerre contre l'Autriche : le maréchal veille à l'organisation d'un service de renseignements sur ce pays, dépouille les interrogatoires de déserteurs autrichiens, les analyses de presse, les copies de correspondances interceptées, les rapports de police ; il reste attentif à l'administration, à l'organisation et à l'état de ses propres troupes comme aux plaintes des populations civiles. Les travaux des commissions chargées de fixer la frontière de Haute Autriche lui sont envoyés. Les rapports sont annotés et des minutes de réponses y sont jointes.

On trouve aussi dans ce fonds (années 1810-1812) des notes sur l'état d'esprit des Prussiens sous l'occupation française, les sentiments pro-anglais des habitants de Hambourg, la répression de la contrebande, la lutte contre les sociétés secrètes et les libelles alimentés par les excès des réquisitions et des cantonnements dans le Mecklembourg. On y apprend la curieuse assurance contractée contre le feu par les Anglais de Moscou pour un montant de dix millions. Suivent les nombreux ordres de Berthier à Davout durant la campagne de Russie. Après celle-ci, Davout commande la 32e division militaire ; les correspondances qu'il reçoit en 1813-1814 concernant la défense et le siège de Hambourg occupent dix-sept cartons ; les subordonnés du maréchal, les administrateurs civils et militaires, l'ambassadeur de France au Danemark, le commandant des troupes danoises lui adressent de nombreux rapports : fortifications, travaux, approvisionnements, magasins, finances de la ville de Hambourg en sont les principaux sujets ; le recouvrement des contributions de guerre est difficile, il en résulte la réquisition des fonds de la banque de Hambourg ; les relations avec le Danemark, l'administration des troupes, la surveillance des approvisionnements de la ville assiégée et les relations avec les autorités civiles sont à l'origine d'une masse importante de documents : une grande partie de ceux-ci comporte en note des éléments de réponse. Le maréchal Davout et le général César de Laville, son chef d'état-major, adressent à Louis XVIII des mémoires sur ce siège, en juillet 1814 ; on trouve ici les procès-verbaux de reconnaissance du roi signés par les autorités civiles et militaires.

Les archives de Davout, ministre de la guerre durant les Cent-Jours, révèlent le climat de l'époque : anarchie dans le midi provençal, désertions, agitation dans l'Ouest, méfiance de la garde nationale, renseignements sur les mouvements de troupes en Belgique et au Luxembourg. Elles s'achèvent avec la reddition de Paris et la note des commissaires alliés sur les travaux du pont d'Iéna, liste dactylographiée des principaux signataires. Ce fonds comprend en outre cinquante registres d'ordres et de correspondances transcrites (1794-1815) du maréchal, de son état-major et de ses subordonnés. Le détail de ces registres est déjà répertorié dans la 2e édition de l'Inventaire des Archives modernes du ministère de la Guerre paru en 1954 (p. 138, 139). Le général d'Avout d'Auerstaedt, directeur du musée de l'Armée, autorise en 1968 le microfilmage d'un document lui appartenant : il s'agit de la situation d'effectifs (officiers, sous-officiers et soldats) de la Grande armée au 1er septembre 1812.